Le
rapport Got était chargé d'évaluer sur
3 ans la
dangerosité de la drogue et de l'alcool dans les accidents
de
la route. Cela a donné lieu à une bataille de
chiffres
contestés par 6 experts dont voici le communiqué
du 11
0ctobre 2005:
COMMUNIQUE
DE PRESSE
Ecrit
par 6 experts en
toxicologie et pharmacologie 11 - 10 - 2005.
Après avoir pris
connaissance du rapport complet de l´étude
«
Stupéfiants et Accidents Mortels de la circulation
routière
» (étude SAM de l´OFDT comportant 28
pages), des
experts en toxicologie et pharmacologie réagissent :
1. LES RESULTATS DE
L´ETUDE SAM CONFIRMENT EN DE NOMBREUX POINTS LES TRAVAUX ET
CONCLUSIONS DES TOXICOLOGUES FRANÇAIS
Nos résultats
publiés en 2003* indiquaient que 10% des conducteurs
impliqués
dans un accident de la voie publique avaient du THC (principe actif
du cannabis) dans le sang et que ce pourcentage était de
15,3%
chez les moins de 27 ans. Dans l´étude SAM de
l´OFDT,
ces chiffres sont respectivement de 8,8% et 18,9%. Dans notre
étude,
le sur-risque d´accident lié à
l´usage de
cannabis était évalué à
2,5. Dans l´étude
SAM, ce sur-risque est de 3,3 et de 2,4 lorsque sont pris en compte
les autres facteurs (âge et sexe, état du
véhicule,
etc.). Les auteurs du rapport SAM en concluent donc comme nous que la
conduite sous cannabis augmente le risque d´accident mortel.
2. LE NOMBRE
ANNUEL DE VICTIMES IMPUTABLE AU CANNABIS NE CESSE D´AUGMENTER
Les auteurs du rapport
SAM estiment que le nombre annuel de victimes imputable au cannabis
serait de l´ordre de 220 à 440 tués.
Cette étude
reposait sur les résultats de dépistages de
stupéfiants
effectués pendant la période du 1er octobre 2001
au 30
septembre 2003. Or des travaux récents** nous ont permis de
montrer que la prévalence de conducteurs positifs au
cannabis
en France avait considérablement augmenté entre
2000-2001 et 2003-2004 puisque multipliée par un facteur de
1,7 entre ces deux périodes.
Par ailleurs, une autre
étude*** a révélé que le
THC pouvait être
encore présent dans le cerveau alors qu´il
n´était
plus détectable dans le sang. Un tel constat nous permet
d´annoncer qu´il n´y a pas lieu de ne
considérer
que les conducteurs ayant du THC dans le sang supérieur
à
1 ng/ml. Le rapport SAM indique que les
prélèvements
sanguins ont été effectués en
général
3 à 4 heures après l´accident
et que
les concentrations en THC étaient donc beaucoup plus basses
qu´au moment de l´accident. Ces
deux éléments (seuil insuffisamment sensible,
dépistage
trop tardif) ont considérablement minimisé dans
l´étude
SAM le nombre annuel de victimes imputables au cannabis.
3. EN CONCLUSION
Un usage récent de
cannabis est totalement incompatible avec une conduite automobile en
toute sécurité, et il est ainsi responsable de
centaines de morts par an, particulièrement chez les jeunes
conducteurs. L´alcoolisation au volant est certes un
fléau
qu´il faut continuer de combattre, mais le danger du cannabis
au volant est tout aussi bien réel. Devant
l´ampleur
exceptionnelle prise par la consommation de cannabis, il y a lieu
désormais de renforcer les mesures prises dans le cadre de
la
loi de 2003 en procédant à une large information
auprès
des jeunes conducteurs et, puisque cela s´est
révélé
être efficace pour l´alcool et la vitesse,
à des
contrôles au bord des routes beaucoup plus
fréquents. A
côté de l´alcool et du cannabis, il faut
aussi
mettre en garde contre le danger représenté par
les
autres stupéfiants, et notamment l´ecstasy et la
cocaïne
dont les prévalences chez les conducteurs
impliqués
dans un accident mortel ont également augmenté
ces
dernières années de manière
inquiétante***.
*
Forensic Science
International 133 (2003) 79-85.
**
Forensic Science
International (2005), sous presse.
***
Journal of Analytical
Toxicology 29 (2005) 692-693.
TOXICOLOGUES
SIGNATAIRES DE CE COMMUNIQUE
Patrick
MURA, expert près la Cour d´Appel de Poitiers,
Président
de la Société Française de Toxicologie
Analytique (SFTA).
Pascal
KINTZ, expert près la Cour d´Appel de Colmar,
Président
de l´Association Internationale de Toxicologie
Médico-légale
(TIAFT).
Jean-Pierre
GOULLE, expert près la Cour d´Appel de Rouen,
Président
de la Compagnie Nationale des Biologistes et Analystes Experts
(CNBAE).
Gilbert
PEPIN, expert près la Cour d´Appel de Paris,
Vice-Président de la SFTA
Michel
LHERMITTE, expert près la Cour d´Appel de Douai.
Véronique
DUMESTRE-TOULET, expert près la Cour d´Appel de
Bordeaux
Presque
un jeune sur deux qui meurt dans un accident de la route a
fumé
du cannabis, exactement 39,6 %. 30 % ont fumé dans les
heures
qui ont précédé le drame. L'usage du
cannabis
chez les jeunes conducteurs aurait été
multiplié
par 2 entre 2001 et 2003.