Association loi 1901 affiliée à l'U.D.A.F. du Rhône (Union Départementale des Associations Familiales)
et à la F.N.A.P.T. (Fédération Nationale des Associations Prévention Toxicomanies)
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édito juin 2011

Claire MOSCICKI

APPEL DU DIX HUIT JUIN 2011 :

LES PARENTS PARLENT AUX PARENTS

Alors que la bataille électorale fait de nouveau rage entre les tenants de la légalisation des drogues et ceux qui s'y opposent, l'association le Phare-Familles face à la drogue est régulièrement interpellée par des médias, des parents, des associations familiales et autres groupements bénévoles qui nous demandent de prendre position

POUR ou CONTRE les salles de shoots,
POUR ou CONTRE la dépénalisation du cannabis,
POUR ou CONTRE la légalisation des drogues,

et depuis la sortie du livre « Pour en finir avec les dealers» de Monsieur Gatignon, écologiste et maire de Sevran, on nous sert un,

POUR ou CONTRE la réinsertion des dealers.

Face à ces POUR OU CONTRE MANICHEENS qui ne tiennent pas compte de la réalité du terrain de tous ceux qui aident, soutiennent les familles et les malades, qu'ils soient PRO ou bénévoles, il nous a semblé opportun de vous faire part de notre point de vue qui se réfère à 2 constats :

1er constat :

Que les drogues licites (tabac et alcool) soient illicites pour les moins de 18 ans ou que les drogues illicites deviennent licites pour les plus de 18 ans en cas de légalisation, le problème est le même, le mal est déjà fait : nos enfants sont de plus en plus nombreux à consommer des drogues qui leurs sont interdites, qu'elles soient licites ou illicites, de plus en plus tôt et de plus en plus fort.

2ème constat :

Réaffirmer l'interdit parental ou légal ne peut suffire à enrayer la progression de l'expérimentation des drogues dès le plus jeune âge. Tout simplement parce que nos enfants ne nous prennent pas au sérieux et nous ramènent invariablement au credo de la banalisation de la drogue, laquelle poursuit sa route dans les esprits puisqu'elle poursuit sa route dans les textes, les discours, les points de vue, les débats d'experts, les émissions de télévision, les articles de presse, les radios etc...


Seule solution pour espérer être entendu : en finir avec les postulats propagandistes émis en 1998, dès la 1ère édition de « savoir plus, risquer moins », parce que ce sont ces 4 postulats qui ont réduit à néant aussi bien l'interdit parental que l'interdit légal et fait basculé une partie de la jeunesse vers un mode d'expérimentation et de consommation où l'excès toxicomaniaque est devenu la règle. Rappellons ces 4 postulats :


1 ) Une société sans drogue ça n'existe pas.

«Il n'y a pas de société sans drogue, il n'y en a jamais eu. Il n'y a pas de solution miracle, ni en France, ni dans d'autres pays. En revanche, il existe des réponses efficaces afin d'éviter les consommations dangereuses et de réduire les risques lorsqu'il y a usage».

Que diriez-vous chers parents si une personnalité politique déclarait demain avec la même légèreté «Une société sans pédophilie ça n'existe pas» ? Ne seriez-vous pas scandalisés et effrayés à l'idée que cette assertion puissent donner des idées à ceux qui n'ont toujours pas intériorisé la loi interdisant l'acte de pédophilie ?

Savez-vous que cette phrase «Une société sans drogue, ça n'existe pas» est toujours dans la dernière édition du petit guide d'information « drogues et dépendance » ?


2 ) Se droguer est un comportement universel :

    «On le retrouve à toutes les époques et dans toutes les civilisations. La prévention doit tenir compte de l'universalité de ce comportement comme aux aspects conjoncturels de celui-ci».

Il en va de cette seconde assertion comme de la première : pourquoi ? A quelle fin cette phrase est-elle rentrée dans les propos officiels à partir de 1998 ? Ceux qui l'ont inscrite au fronton de la République ont ils mesuré l'impact qu'elle pouvait avoir sur la jeunesse d'hier et d'aujourd'hui ?

3) L'usage simple n'est pas dangereux :

«L'usage simple est la consommation d'une substance psychoactive qui n'entraîne ni complication pour la santé, ni trouble du comportement ayant des conséquences nocives pour soi ou pour autrui. Il en est ainsi chez les adolescents et les jeunes qui essayent les drogues illicites PAR CURIOSITE ou qui consomment avec les autres par EFFET D'ENTRAINEMENT. Beaucoup en resteront à une unique expérience ou n'auront qu'une consommation occasionnelle en petite quantité». In Le guide actuel « drogues et dépendance ».

Pourquoi ne pas avoir rapporté cet usage simple à la majorité de la population majeure qui effectivement s'en tient à une consommation exceptionnelle et raisonnée ? Pourquoi avoir rapporté cet usage simple à l'adolescence et à la jeunesse, alors que le simple usage d'une drogue lui est interdit par la loi et par ses parents ?

Cette approche démagogique à l'égard de la jeunesse constitue, à elle seule, une levée de l'interdit parental. Elle s'attaque à la barrière naturelle que constitue la peur de porter atteinte à son intégrité physique et psychique. En associant l'usage simple, et donc l'expérimentation, à un comportement propre à la jeunesse, elle le valide et donc réfute également la loi sur la protection des mineurs.

Elle valide également L'EFFET D'ENTRAINEMENT et donc la pression que les « grands » mineurs exercent sur les plus jeunes . Aujourd'hui la grande majorité des enfants sont initiés aux drogues, qu'elles soient licites ou non par d'autres jeunes à peine plus âgés qu'eux. Faire tomber les résistances d'un enfant qui ne veut pas consommer est devenu un sport national entre jeunes. Cette pratique participe du droit du plus fort, du harcèlement, voire de la torture lorsque des jeunes - au mépris des convictions religieuses de chacun - obligent à boire un enfant qui refuse parce que sa religion le lui interdit.

Cette définition de l'usage simple est toujours en vigueur dans les textes officiels et les brochures grand public. Quand va-t-on la remplacer ?

  1. Ce n'est pas le produit qui est dangereux mais son usage.

Ce quatrième postulat est sans aucun doute le plus pernicieux parce qu'il laisse croire aux enfants et aux jeunes qu'ils sont en capacité de maîtriser leur consommation et qu'ils peuvent consommer n'importe quel produit. Leur appréciation de cette maîtrise ressort non pas d'une appropriation des messages de prévention invitant à la modération, mais de leur vécu : ceux qui consomment de façon excessive le font à l'aune de ce qu'ils peuvent supporter et de ce qu'exige le groupe de pairs auquel ils appartiennent. Bon nombre d'entre eux se sentent obligés de concourir à l'excès au détriment de leur santé pour ne pas perdre la face et, parfois, pour qu'on leur fiche la paix ensuite. Il n'y a pas que dans les soirées intégrations des universités que ce type de harcèlement voit le jour. Non cela peut commencer dès le CM2.

Aujourd'hui, la majorité d'enfants et de jeunes qui ne consomme pas ou qui consomme de façon modérée et exceptionnelle est en but à la minorité qui a franchi le pas de la consommation excessive. Il est tout à fait impressionnant de constater que les adolescents ne fréquentent pratiquement pas les sites officiels de prévention. Le seul motif de consultation des sites officiels serait l'obligation d'un devoir à rendre, d'un exposé à faire seul ou en groupe. Ils vont chercher sur ces sites la vision adulte de la prévention de la toxicomanie qui leur permettra de débiter la parole officielle.

Quand ils veulent consommer ils savent où trouver ceux qui peuvent réellement les aider à consommer en limitant la casse : sites «amis», relations, fournisseurs, associations présentes sur les tekos, tout est bon pour éviter les quelques petits désagréments inévitables qui succèdent à la prise de drogue.


Voilà pourquoi notre association estime que de rentrer dans la logique des POUR et des CONTRE est contreproductif, et procède de la démagogie électoraliste. Nous ne souhaitons pas attirer l'un ou l'autre camp. Les décisions à prendre ne peuvent l'être sous couvert d'un choix partisan. Ce qui se passe à l'échelle planétaire est tellement grave dans ce domaine ! Notre seul parti pris est celui de la famille et de la protection de la jeunesse. Nous savons que les familles disposent d'une énergie impressionnante lorsqu'on leur donne les moyens d'avancer. Il est temps que l'état ne laisse plus de côté les parents qui ont l'énorme responsabilité de protéger leur enfants des risques qui les guettent jusqu'à ce qu'ils soient en âge de les assumer eux mêmes.

Voilà pourquoi notre association a demandé officiellement le 23 mars 2011 lors de notre audition au Sénat que la commission en charge de la rédaction du prochain plan de lutte contre les toxicomanies :

1 - ABROGE, expertise éthique, philosophique, sociologique, anthropologique et médicale à l'appui, les 4 principes de la banalisation de la drogue que nous venons de rappeler.

2 – S'ENGAGE à promouvoir un choix de société en accord avec ce que souhaitent les parents pour leurs enfants : une enfance et une jeunesse sans drogue.

3 – PROCURE aux associations familiales les moyens financiers, logistiques et techniques pour que les familles prennent elles mêmes en charge leur destin de parents, face à ce fléau qu'est la toxicomanie en Europe. Les parents doivent définir eux-mêmes les bonnes stratégies de prévention primaire. L'INPES et la MILDT doivent intégrer les familles et les associations familiales aux décisions prises en termes de campagnes nationales. Les soutenir, les encadrer ne suffisent pas à en faire des acteurs de terrain. Nous n'avons pas à subir les visions de ceux qui ne s'occupent que des comportements pathologiques alors que la prévention primaire à laquelle les parents doivent s'attacher repose essentiellement sur les processus normaux qui permettent aux enfants d'intégrer la loi. Le temps est venu où le « Il est interdit d'interdire » n'est plus de mise ». Et le débat sur la légalisation et la prohibition n'ont rien à voir la dedans. Comme en témoigne cet interview du philosophe Marcel GAUCHET pour le journal La CROIX en 2009. Une belle actualité qui est le fondement de notre démarche : voilà notre cadeau pour ce 18 juin 2011.


Journal La Croix, mercredi 16 septembre 2009

Entretien avec Marcel GAUCHET

« L’obéissance que les enfants doivent aux adultes repose sur le besoin qu’ils ont d’être protégés et sur la conviction qu’on agit pour leur bien ».

Le journal La Croix – Pourquoi, selon vous, le mot « obéissance » a-t-il été banni du vocabulaire des éducateurs ?

Marcel Gauchet - Ce mot a été réduit à la dimension de dressage, devenue le repoussoir absolu dans l’éducation d’aujourd’hui, qui fait appel à la compréhension et exclut tout mouvement d’imposition autoritaire, supposée être incompatible avec cette compréhension.

Bien sûr que l’éducation humaine n’est pas le dressage animal. Bien sûr qu’il y a eu des abus d’autoritarisme stupide. Mais une fois qu’on a dit cela, on n’a vu qu’un aspect du problème, par un tout petit bout de la lorgnette. Un peu de réflexion éloigne de l’obéissance, mais beaucoup de réflexion y ramène !

Il faut en effet rappeler ce principe essentiel : nous vivons dans des sociétés démocratiques, où l’obéissance joue un rôle fondamental. « L’obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté », écrivait Rousseau dans Le Contrat social. L’un des principes fondamentaux de la démocratie est que chacun accepte d'obéir aux lois qu'on s'est collectivement fixées.

Qu'est-ce qui justifie cette obéissance spécifique que les enfants devraient aux adultes ?

Marcel Gauchet : Nous sommes dans un moment de folie idéologique, où l'on pourrait compléter le premier article des droits de l'homme : « les hommes naissent libres, égaux... et adultes »! Or, les hommes ne naissent pas adultes, mais enfants. Ce qui les met dans une situation de dépendance, de tutelle. Les enfants ont objectivement besoin d'être protégés pour mener une existence satisfaisante, grandir, se développer. Ils ont besoin que les adultes se placent du point de vue de leur bien. C'est ce besoin de protection qui fonde l'autorité des adultes sur eux et donne à l'obéissance des enfants un sens.

L’âme de cette relation particulière adultes-enfants, c'est la confiance. Et il faut dire que dans la majorité des cas, les enfants font confiance aux adultes. Parfois même de manière déraisonnable - et il faut les en protéger, là aussi. Ce n'est donc pas simple. Mais c'est ce principe qui doit nous guider, comme dans la vie sociale en général. La confiance est l'élément positif, le moteur de l'éducation. Avant même de comprendre pourquoi on lui demande de faire ou de ne pas faire telle ou telle chose, en faisant confiance à l'adulte, l'enfant se pénètre de l'idée que l'adulte fait quelque chose qui a un sens pour lui. Et dans la grande majorité des cas, les enfants se soumettent volontiers, car ils sentent très bien, très profondément, que leurs parents les aiment et les protègent.

Le fait d'agir au nom du bien de l'enfant a entraîné pourtant des dérives.

Marcel Gauchet : A partir du moment où il y a un pouvoir des adultes sur les enfants, il y a effectivement risque d'abus. Y compris dans la démagogie dont on fait preuve à leur égard en les laissant faire ce qu'ils veulent. L’éducation est un art, fait d'équilibres subtils, où il faut combiner – comme dans la vie sociale - des choses apparemment contradictoires : les libertés et la soumission, non pas à un arbitraire personnel, mais à des règles dont on pense qu'elles ont une valeur supérieure.

Faut-il aussi apprendre aux enfants à désobéir à certains ordres injustes ?

Marcel Gauchet : A partir du moment où on comprend qu'il y a de bonnes raisons d'obéir, on comprend qu'il y a parfois de très bonnes raisons de désobéir. Il y a des ordres auxquels il faut savoir s'opposer. Mais pour savoir désobéir à des ordres inacceptables, il faut avoir compris qu'il y a des ordres acceptables, justifiés, auxquels il y a du sens d'obéir. C'est l'un des grands apprentissages de l'existence.

Autrement dit, les enfants qui n'ont pas appris à obéir ne sauront pas non plus désobéir à des ordres injustes ?

Marcel Gauchet : C'est souvent le cas aujourd'hui ! Ils désobéissent volontiers à ce que leur demandent leurs parents et se soumettent aux injonctions pas toujours sensées de leur bande, ou à certains commandements stupides qui leur sont déversés par la publicité, les médias, et auxquels il serait très utile de leur apprendre à désobéir !

Recueilli par Christine Legrand

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