Le combat du cannabis est
très dur, surtout quand on est un peu seule face à
cela.... Mais je me bats et je vais finir par y arriver car il le
faut pour moi et surtout ma santé car je vois bien la perte de
mémoire avec cette cochonnerie et puis je ne prends plus de
"plaisir à me défoncer", cela
m'angoisse énormement et je pense trop, à tel point que
je ne sais plus à quoi je pense parfois. Pendant un temps j'ai
l'impression de mieux parler en étant plus rassurée
face aux autres, mais je me trompe. Je vois bien certains jours quand
j'arrive à ne pas consommer la journée, je me sens
tellement mieux avec mes émotions.
Je souhaite beaucoup de
courage à tous ceux qui se battent contre le cannabis car on
met toujours un peu trop à part cette drogue dite douce et on
la range la plupart du temps dans la catégorie pour les
adolescents et on oublie les autres un peu trop. Mais peut être
que cette consommation cache quelque chose, la peur d'avancer dans la
vie d'adulte.... Bref moi j'y pense souvent et j'ai beaucoup
diminué.... De cela je peux être fière car je me
bats seule ces quelques mois face à ma dépendance.....
Arrêter
définitivement : la première goutte d'alcool, le
premier joint après une abstinence c'est la rechute assurée.
La dépendance à l'alcool, au cannabis c'est l'enfer sur
terre, c'est l'enfer dans notre vie! oui c'est bien ça.
DÉFINITIVEMENT ! moi c'est ce que je désire au plus
profond de mon être et je me bats pour.
Aujourd'hui je n'ai
rien touché et croyez moi c'est la bataille, je pleure, je
prie. C'est dur mais je ne veux pas craquer! Là, c'est une
minute à la fois et tant pis! mais la drogue ne m'aura pas
aujourd'hui je l'espère!
Je sais que ce soir en me
couchant je serai fière de moi car j'aurai gagné une
bataille!
Laetitia
Témoignage
d'une famille du Rhône :
Nous
avons eu la chance l’année dernière, de
pouvoir
trouver une équipe soignante particulièrement
efficace
, à l'écoute de nos difficultés, qui a
pris en
charge notre fils suite à un séjour à
l'hôpital
Femme-Mère-Enfant où tout s'est assez bien
passé.
Notre
fils, "naturellement" ne voulait pas se faire soigner. Il
avait alors 16 ans et il était tant bien que mal
scolarisé
au lycée.
Pour
vous donner une idée de la consommation, il fumait environ
20
joints de haschisch par jour, il prenait quantités de
médicaments (des antidépresseurs), et se laissait
aller
quelquefois à une consommation excessive d’alcool.
Nous,
nous avons "choppé" notre fils juste avant
l'overdose d'héroïne.
Il
était au cannabis dopé à la
cocaïne et à
l'héroïne. Vous savez que sur le marché,
depuis le
11 septembre 2001, les dealers vendent du haschisch, de la
cocaïne
et de l'héroïne, car effectivement, la
cocaïne est
plus difficile à écouler aux Etats-Unis avec
leurs
frontières plus imperméables. Les cartels de la
cocaïne
se sont alliés avec les cartels du cannabis et dans tous
transports, et chez tous dealers vous avez les deux types produits.
Donc, très rapidement, s'il y a un malaise qui perdure chez
le
jeune, ou simplement pour l’expérimenter, le jeune
arrive
très rapidement à la cocaïne ou
à l'héroïne
: nicotine, haschisch, héroïne, cocaïne.
Vous
saupoudrez sur votre cigarette ou votre joint ; on ne se pique
pas ; on fume.
C’est
tout d’abord notre médecin
référent qui a su
décoder un certain nombre de signes que nous,
parents,
n’arrivions pas à voir. Nous
considérions que notre
fils vivait assez mal sa crise d’adolescence. En effet, au
sein de
notre famille avec trois adolescents, il nous était
difficile,
tout en étant équitable, de préjuger
que l’un
des trois allait beaucoup plus mal que les deux autres.
Peut
être que notre médecin avait cette lecture car il
avait
rencontré une situation similaire dans son entourage
familiale.
Notre
médecin nous a alors orientés vers un
pédopsychiatre
puis un centre d'addictologie.
Dès
lors, notre fils était suivi sur le plan médical,
toutes les semaines, par le médecin
référent,
deux psychologues au centre d'addictologie, et un
pédopsychiatre,
et on n'y arrivait pas.
Nous
avons imaginé de le mettre dans un institut… mais
il n'y
avait rien sur le Rhône, rien sur Rhône-Alpes. Nous
en
étions arrivés à envisager de
l’envoyer dans
une structure en Suisse.
Nous
avons toujours pris le parti d'utiliser la médecine, il
aurait
été si facile pour nous d'appliquer le Code
Pénal,
de faire intervenir la police. Mais nous avons cru en la
médecine,
aux soins.
Nous
sommes enfin arrivés à trouver des gens qui nous
entendaient, non pas que nous n'avions pas trouvé de
structures ou de médecins qui ne nous écoutaient
pas,
mais ils étaient dans leur technique de soin. Nous avions
besoin d'entendre des gens qui nous parlent en tant que parents.
Les
15 premières minutes de la consultation avec le psychiatre
étaient centrées sur les parents.
C'est
à ce moment-là que nous avons compris qu'il
fallait
qu'on se tourne vers d'autres parents qui avaient eu ce même
vécu, qui étaient "dedans", ou qui en
étaient
sortis, et, qui allaient pouvoir nous faire gagner du temps.
Parce
qu’avec un mineur, nous, parents, on peut faire et
être très
actif ; il fallait être déterminés et
être
convaincus de s'engager dans un processus certes long, mais au moins,
qui allait nous permettre d'aboutir à quelque chose.
Nous
avons cherché des associations, avons cherché ces
parents, et nous avons trouvé Le Phare. Coup de chance Le
Phare est à Lyon, c'est tant mieux, mais s'il avait fallu
aller à Dunkerque, nous serions allés
à
Dunkerque.
Quand
on parle de drogue, on parle de stupéfiants. Et quand on
parle
de stupéfiants, on parle de délinquance, de
pègre.
Et les dealers à votre porte, c’est une
réalité.
Les dealers qui arrivent armés à la maison, nous
ne
savions pas quoi faire.
Quand
on veut traiter dans le soin un jeune qui est dans la consommation de
produits dits stupéfiants, je peux vous garantir que c'est
une
notion qui n'est pas à négliger.
Aussi
avons-nous entrepris une demande d’aide auprès
d’un Juge
des Enfants.
Donc,
bon an mal an, le cadre médical a été
alors
complété par 3 éducateurs
référents
dont un qui rend compte à la Maison du Rhône, et
un au
Juge des Enfants.
Au
bout d'un an, voila où nous en sommes, avec un encadrement
total (médical et éducatif), avec des parents qui
ne
sont pas divorcés, avec une famille soudée, et
bien,
malgré tout, il a fallu vraiment qu'on œuvre et
qu'on
s'implique.
Qui
est finalement là pour aider ? Ce sont les parents.
Nous
avons vraiment eu une aide importante auprès
d’autres
parents.
Certes,
activer les médecins, les psychologues, les
infirmières
(l'Infirmière du Lycée a
été formidable,
car dans les lycées et collèges, il y a des gens
formidables) est nécessaire, mais il faut aussi des parents
mobilisés, des parents convaincus, et la meilleure
façon,
vous l'avez indiqué tout à l'heure, ce sont
autant des
enfants qui témoignent entre eux, des enfants qui aident des
enfants qui "sont dedans" que des parents qui sont à
leur manière «dedans » et qui
aident des
parents qui essaient de s'en sortir. Cela est notre quotidien, parce
qu’effectivement, nous, Parents, ce sont tous les jours, ce
sont
tous les instants que nous supportons un toxicomane à la
maison.
Au
Phare, il y a un groupe de paroles de parents qui a lieu tous les
premiers lundis du mois. Il y a là un vrai
échange
entre les parents, entre la parole et l'écoute.
Pour
nous, cela a été extrêmement utile.
Après,
nous avons créé des relations un peu
particulières
avec d'autres parents qui sont confrontés à un
problème
un peu analogue. On comprend qu'avec le cannabis ou
l'héroïne,
la façon dont le parent va accompagner son enfant, va
être
un peu différente. Et si en plus, on rajoute l'alcool,
l’accompagnement va être différent.
Donc
on voit bien qu’avec les parents dont l'enfant est
passé par
le cannabis, on va échanger nos expériences.
Nous
avons rencontré une famille qui, a
décidé d'être
en rupture de vie : pas d'eau, pas
d'électricité,
pas de téléphone portable, –4°C
la nuit, l'hiver.
Les jeunes sont en rupture de vie, pour comprendre ce qui est
vraiment l'essentiel. Vous imaginez, un ado, hors de son confort,
loin des jeux vidéo etc… qui prend conscience de
ce qui est
vital. Si l'on compare avec l'air qui entre dans le corps, et bien
ici aussi, on est sur une démarche équivalente.
Nous
avons fait ainsi un très gros travail
l'été
dernier, et notamment nous avons fait énormément
d'activités manuelles : des tranchées, et
à la
main. Ici c'est comprendre et retrouver son corps.
Il
y a donc des parents qui ont suivi cette démarche, qui ont
rencontré des toxicos avec 15 ans de galère, des
parents qui cherchent à comprendre et à faire
comprendre aux jeunes, combien le parcours dans la drogue est
périlleux.
Petit
à petit, entre les différentes
expériences, on
arrive à proposer des projets aux différents
enfants,
en s'adaptant là où est l'enfant. Au Phare, nous
ne
sommes pas dans une offre de services, on s'adapte à la
demande de chacun des parents et de chacun des enfants, on essaie de
s'adapter, on n'offre pas en tant qu'association, une offre de
services calibrée qui s'ajuste en fonction de l'individu
qu'on
a en face, on s'adapte constamment. Les parents ne sont pas pareils,
le milieu social n'est pas pareil, la façon dont on
appréhende
la problématique n'est pas pareille, on s'adapte chaque
fois.
Si
je témoigne, c'est pour remercier Le Phare d'une certaine
manière.
Nous
sommes tous des bénévoles qui pensons que c'est
fondamental que dans l'entourage du soin, il y ait la famille.
Il
est important qu'au niveau du personnel de soin, on puisse penser
à
cette famille, parce que c'est elle qui est dans le premier
entourage. Quand je dis la famille, ça peut aussi bien
être
les parents que des adultes référents, et les
frères
et sœurs, parce que pour beaucoup, dans le
témoignage des
familles que nous avons au Phare, ce sont des familles
monoparentales, avec la maman qui ne lâche pas, qui ne
lâche
rien. Nous essayons de trouver une présence masculine dans
ces
familles. Ce n’est peut être pas un hasard si c'est
avec le
pédopsychiatre masculin que notre fils a pu avancer, une
présence masculine pour avancer vers la guérison.
Le
« soin » se fait autant avec des
hommes qu'avec
des femmes.
Nous,
nous avons beaucoup gagné grâce à
beaucoup de
« défricheurs » sur le
plan familial. Il
y a des gens dans l'association, cela fait 10 ou 15 ans qu'ils sont
dans le combat pour être écoutés et
entendus par
toutes les structures institutionnelles, qu'elles soient
médicales,
policières, éducatives, et grâce
à ces
gens là, nous avons pu avancer. Ce sont ces parents qui nous
ont par exemple expliqué que nous, nous pouvons changer, et
que nous, en changeant, nous changeons notre relation avec notre
enfant.
Il
faut savoir que notre fils, lors d'une tentative de suicide,
à
30 secondes près, il était mort, et c'est nous
qui
étions là, et c'est grâce à
tout le
décodage des signes que l’on nous a
donnés, que nous
avons sauvé notre fils.
Notre
fils ne va pas encore très bien.
Il
a témoigné effectivement pour avancer dans sa
guérison ; le reportage de "Zone. Interdite"date
du début de l'année, il avait enfin
"arrêté
les conneries" comme disent les jeunes, il avait
ré-arrêté
la consommation de cannabis, il était dans une sorte de
sevrage, avec tout ce que ça comprend dans le sevrage de
cannabis, c'est-à-dire qu'à tout moment, il
repartait
dans le délire puisque effectivement le THC pouvait
être
relargué à tout moment. Il est entré
dans le
tabac. Nous le surveillons sur l'alcool autant que possible.
Il
a été en foyer avec des adolescents en
difficultés,
et a passé par des stades de totale déprime.
Maintenant,
nous espérons pouvoir travailler sur le plan
médical et
dans le soin.
Je
ne fais pas de leçon, un simple témoignage d'une
réalité d’enfants qui
« touchent à
tout ». Mon fils est dans un environnement de la 3ème
à la seconde avec d'autres camarades et je peux vous assurer
que ça concerne cette tranche d'âge de
manière
assez significative… et tous les parents n’en sont
pas
conscients….
Si
j'ai vraiment un message,pour les professionnels qui sont dans le
soin, n'oubliez pas les parents.
Pour
eux c'est très dur, car pour beaucoup, ils ont honte, leur
entourage a honte, ils sont dans le déni, ils sont dans la
colère.
Les
parents ont vraiment besoin de l'écoute des soignants.
Nous
avons rencontré dans le monde médical, des gens
fabuleux, plus à titre individuel, qu’en tant
qu'institution. Peut être parce que nous, parents, avons
réalisé que c’était par
l’implication de
chacun, soignant compris, que l’on pouvait aider notre enfant
à
aller mieux.
Si
nous restions, nous parents, uniquement des consommateurs
d'institutions, les institutions, que ce soit la Police, la
Gendarmerie, l'Education Nationale,le Monde
Médical… vous
nous renvoyez alors, effectivement, l'offre de service que vous
êtes
tenus de faire.
Dominique
« Je
ne fume pas... mais le cannabis m'a détruite
... ».
« J'aurais
pu écrire ce livre. Toutes les pages, de la
première à
la dernière, sont le reflet de ce que je vis, pense et crie
depuis 3 ans. Je suis passée par tous les stades qui
amènent
à ce que je suis devenue : une femme blessée mais
obstinée qui refuse de baisser les bras et de
céder à
la drogue. Je n'étais pas assez armée pour aider
mon
fils. On m'a culpabilisée et pointée du doigt. De
ce
fait mes actions étaient faussées. Maintenant,
grâce
à la lecture de votre livre, je me sens forte et
entourée.
Je ne suis pas seule à lutter et je vais y arriver. Vos
conseils me sont précieux. J'avais
désespérément
besoin d'aide pour faire face aux conduites à risques de mon
fils et le laxisme de notre entourage (familial, scolaire, social,
médical et autre) me faisait douter de ma raison. J'y ai
perdu
ma santé et ma joie de vivre, mais obstinément je
refusais toujours de faire l'autruche. « Je ne fume
pas...
mais le cannabis m'a détruite ».
voilà ce
que je pensais il y a encore 2 semaines. J'étais
épuisée
et prête à lâcher prise. Je
rêvais de trains
qui m'emmenaient loin, très loin... de voyages sans retour,
de
sommeils sans réveils... Grâce à vous,
je reviens
au combat, j'ai des points de repères, des ancrages. Je
connais un peu mieux « l'ennemi »
et ainsi je
peux le combattre... Ne m'oubliez pas ; j'ai besoin de votre soutien
pour épauler mon fils. Si « le
Phare »
s'installe un jour dans ma ville qui en a bien besoin, je serai
honorée de faire partie des bénévoles.
Soyez
assurée de mes sentiments de
reconnaissance. »