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Manifeste contre
l’expérimentation de salles d’injections de drogues aux
toxicomanes,
supervisées par des personnels
médicaux et financées par l’Etat
NON
aux salles de shoot !
Le
Collectif pour la Prévention des Toxicomanies qui regroupe des
associations engagées dans la lutte contre les drogues et la
toxicomanie et œuvrant pour la prévention, réagissent
aux annonces de projets gouvernementaux.
Il
refuse le projet
d’expérimentation de « salles de shoot » car
:
Les salles d’injection ne
réduiront pas les risques infectieux.
Les salles d’injection
aggraveront la toxicomanie par sa durée et les surdosages
inévitables, facilités par la sécurisation.
Les salles d’injection seront
perçues comme un encouragement à la toxicomanie.
Elles auront des conséquences
lourdes pour la santé publique et coûteuses pour les budgets de
l’Etat et des Collectivités Locales.
Nos associations
contestent vigoureusement les arguments médiatisés :
-
la réduction des risques infectieux
(SIDA, hépatites…). Il est établi depuis la mise en place des
programmes d’échange des seringues, des dons de seringues et des
Stéribox, que la contamination par ces virus n’est plus le fait de
la voie intraveineuse. Cet argument correspond plus à une idéologie
permissive qu’à un souci de protection de la santé.
-
le changement positif d’image des quartiers où les toxicomanes
s’injectent leurs drogues. Faux :
le quartier où la salle
d’injection sera implantée sera livré aux va-et-vient des
toxicomanes et aux « dealers » puisque c’est avec leurs
drogues qu’ils accéderont à ces salles. Cela amplifiera le trafic
aux abords de ces structures. Il y aura simplement un déplacement de
lieux de fréquentation.
Nos associations
redoutent :
Le risque
d'ancrage des toxicomanes dans leur toxicomanie.
le recrutement d’autres
victimes par
une banalisation de l’usage des drogues.
L’effondrement délibéré des
derniers barrages contre la toxicomanie.
La dérive vers la
fourniture gratuite
d’héroïne de qualité
pharmaceutique.
Ce
programme feint d’ignorer que dans notre pays
(à la différence de ceux qui ont mis en place exclusivement ces
« salles d’injections médicalisées »), ont été
développées, à haut prix, différentes structures de prévention :
les CAARUD,
(Centres d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction de risques
pour Usagers de Drogues) regroupant les dispositifs de réduction des
risques au sein de structures uniques ; et les CSAPA
(Centres de Soins d'Accompagnement et de Prévention en
Addictologie), regroupant des services spécialisés pour l'alcool et
les drogues illicites. Leur
évaluation rigoureuse s'impose avant toute décision
de propositions nouvelles, telles les salles de shoot.
Nos
associations observent par ailleurs avec étonnement et inquiétude :
- Des
« addictologues » très médiatisés militent avec
véhémence pour la légalisation du cannabis et ce sont eux qui
poussent à l’ouverture de ces « salles de shoots ».
- les
détournements de la buprénorphine à haute dose (Subutex®)
revendue auprès de jeunes vulnérables aux frais de la Sécurité
Sociale.
En
conclusion :
Ce
projet ne peut que heurter la conscience tant vis-à-vis de la loi
que de l'éthique médicale.
Les
associations soussignées demandent solennellement à Madame la
Ministre de la Santé de
renoncer à ce projet aberrant d’« expérimentation »
des salles d’injections de drogue sous contrôle médicalisé,
considérant qu’elles ne
feront qu'aggraver la toxicomanie et qu’elles auront des
conséquences catastrophiques et extrêmement coûteuses pour la
santé publique. Coût estimé à 300 millions d’euros.
Promouvoir
ces « expérimentations »,
c’est :
céder au pouvoir du lobbying
pro-drogues,
faire fi de la souffrance des
familles touchées par ce fléau,
encourager la jeunesse à
l’autodestruction.
Comme
ce sont surtout les jeunes
qui sont concernés par la consommation de substances toxiques :
nous avons le devoir de
les protéger.
Déjà
insuffisante depuis de nombreuses années alors que le nombre
d’usagers, de plus en plus jeunes, va grandissant,
la prévention risque de n’être plus qu’un leurre !
Nous demandons
qu’une véritable politique préventive soit mise en œuvre pour
réduire la demande et que tout soit entrepris pour réduire l’offre
de la drogue et pour lutter contre les trafics.
Signataires :
CNPERT
(Centre National de Prévention, d’Etudes et de Recherches en
Toxicomanie)
FNAPT
(Fédération Nationale des Associations de Prévention des
Toxicomanies) regroupant :
-
STOP A LA DROGUE
-
LE PHARE familles face à la drogue
-
VIGILANCE
-
POUR UNE JEUNESSE SANS DROGUE
-
APT 85
-
ADELT 89
-
CO.MEN.CA.76
CNID
32 et CNID 28
PHARE
Enfants-Parents
Fédération
des Familles de France
-:-:-:-
Quel
est l'intérêt sanitaire des salles de shoot ?
février 2013
Le Figaro
AVIS
D'EXPERT-La réponse du professeur Jean-Pierre Olié, psychiatre à
l'hôpital parisien Sainte-Anne et membre de l'Académie nationale de
médecine.
Depuis
un demi-siècle, notre pays a engagé une lutte à la fois sanitaire
et répressive contre les toxicomanies et les trafics de drogue.
Pourtant, le nombre de personnes dépendantes à l'héroïne n'a
jamais diminué au-dessous du seuil de 300.000.
Pourtant,
il est satisfaisant d'observer que la politique de réduction des
risques mise en œuvre par un grand nombre de structures de soins aux
toxicomanes a significativement limité les complications
infectieuses et les accidents d'overdose. Aujourd'hui, moins de 2 %
des nouvelles contaminations par le virus du sida concernent les
toxicomanes, et elles sont essentiellement liées à des conduites
sexuelles à risque. Au contraire, la contamination par le virus de
l'hépatite C demeure fréquente, touchant plus d'un toxicomane
sur deux, et les salles d'injection contrôlée ne réduiront pas
cette contamination extrêmement précoce dans le parcours du
toxicomane.
La
volonté de compassion à l'égard des personnes se trouvant en
situation de dépendance à une ou plusieurs substances psychoactives
est partagée par tous. Les toxicomanes se trouvent dans une
situation de maladie qui justifie de faire tout ce qu'il est possible
pour les aider à en sortir. Pour autant, on ne peut ignorer la trop
fréquente difficulté de ce type de malade à s'inscrire dans un
programme de soins. Nous en avons une large expérience: dès les
années 1970, l'hôpital Sainte-Anne et l'hôpital Fernand-Widal à
Paris ont ouvert les premiers programmes de traitement par méthadone,
substance opiacée ayant démontré son utilité pour accompagner le
toxicomane vers une reprise de sa liberté par rapport à la drogue.
Dans ces programmes, il ne s'agit pas d'une simple dispensation au
comptoir de la drogue, mais bel et bien d'un suivi médical
extrêmement rapproché avec une distribution quotidienne de la
substance méthadone et surtout la mise en œuvre de mesures de
soutien psychologique et social rendu nécessaire par la pathologie
toxicomanie.
L'idée
des «salles de shoot» actuellement avancée en France n'est pas
récente. Il y a environ vingt ans, la Suisse a été la première à
en créer pour que des usagers réguliers de drogues viennent
s'injecter leur produit de manière plus hygiénique sous la
supervision d'un personnel qualifié. Une dizaine d'autres pays ont
suivi cet exemple. Mais leur situation n'est en rien comparable avec
celle de la France, dans la mesure où notre pays dispose déjà d'un
grand nombre de centres de soins aux toxicomanes, ce qui n'est pas le
cas dans les pays qui se sont résignés à ouvrir des salles de
shoot. Or, l'expérience
acquise dans ces 10 pays n'indique ni augmentation ni diminution des
toxicomanies,
mais très peu de sujets ont réussi à s'inscrire dans un programme
de soins à partir d'un accueil dans une salle de shoot. Le résultat
le plus manifeste paraît être une diminution des accidents
infectieux locaux sous forme d'abcès. Par ailleurs, il convient de
rappeler qu'avec près de 150.000 personnes bénéficiant aujourd'hui
d'un traitement de substitution (méthadone ou buprénorphine), la
France se place en tête au niveau de cette offre.
Aucune
garantie d'asepsie
Les
vrais risques des salles de shoot sont en premier lieu liés aux
capacités «créatives» du marché, en particulier via Internet. Le
risque est d'accompagner des injections encore plus néfastes que ce
que l'on connaît aujourd'hui. La compassion à l'égard des
toxicomanes ne saurait nous dispenser de veiller aux règles de
prudence inhérentes à tout acte d'injection. Or, l'examen
macroscopique de la substance avec laquelle viendraient les
toxicomanes ne permettra pas de connaître la nature du ou des
produits injectés. On peut d'autant plus s'inquiéter de la
situation extrême d'approximation dans laquelle se trouveraient des
professionnels impliqués dans ce type d'accompagnement. Il est tout
aussi évident que ces substances venues de la rue n'apporteront
aucune garantie d'asepsie. Ces deux éléments sont suffisants pour
heurter la déontologie des professionnels sanitaires. Les autorités
suisses l'ont bien compris, en faisant évoluer les salles de
consommation contrôlée en salles de distribution d'héroïne
médicalisée, à la condition que le toxicomane s'inscrive dans un
programme de soins de sa toxicomanie. Rappelons que c'est ce qui se
pratique en France depuis un demi-siècle dans les centres méthadone…
En
médecine, la notion d'expérimentation suppose un protocole
préalable strict et pertinent. Cette évaluation doit en outre se
faire de manière suffisamment indépendante pour que, volontairement
ou involontairement, les professionnels n'influencent pas la lecture
des résultats, surtout dans une situation aussi inédite que
l'ouverture de lieux dérogatoires par rapport à la loi puisque
accompagnant la consommation de substances illicites.
Les
risques idéologiques sont trop évidents pour se dispenser d'une
rigueur méthodologique. Les questions de responsabilités inhérentes
à l'exercice d'une profession sanitaire au sein d'une salle de shoot
ne doivent pas être méconnues. Qu'adviendra-t-il en cas d'accident
sanitaire ou de trouble du comportement pour un sujet ayant été
ainsi «accompagné»? Le débat ouvert par les responsables
politiques répond à des objectifs davantage sociaux que médicaux:
rétablir l'ordre public dans certains espaces trop occupés, dit-on,
par les toxicomanes. Les psychiatres savent bien la divergence de
vues qui peut exister entre de légitimes objectifs d'ordre public et
d'aussi légitimes objectifs sanitaires.
La
médecine se doit de traiter et non point d'entretenir les addictions
Une
fois encore, tout malade a droit à la compassion que nécessite son
état et les toxicomanes sont des malades. Mais il importe de ne pas
perdre de vue que tout malade a droit à des modalités de soins
respectant les règles sanitaires élémentaires, éthiques et
juridiques: rien ne justifie de ne pas accorder ce droit aux
toxicomanes. Mais la médecine se doit de traiter et non point
d'entretenir les addictions.
Les
résultats des expériences de salles d'auto-injection dans d'autres
pays que le nôtre ne permettent pas de porter des conclusions
médicales positives. S'il est vrai qu'en France, des salles
d'injection contrôlée devraient accueillir des toxicomanes depuis
longtemps pris dans le piège de la toxicomanie, il faut savoir que
ces salles ne réduiront ni la contamination du sida,
ni la contamination du virus de l'hépatite C.
De surcroît, comment croire qu'elles apporteront ici ce qu'elles
n'apportent pas ailleurs: la possibilité d'inscription du toxicomane
dans un programme de soin?
Pour
conclure, nous pouvons attester de l'efficacité de la main tendue
vers les populations toxicomanes. Ainsi, l'association Ligne de Vie
mise en place par Michel Platini, qui a le soutien de la Mairie de
Paris depuis plus de vingt ans, démontre les possibilités de
réinsertion des personnes atteintes de toxicomanie, y compris dans
les formes les plus graves. Au cours de l'année 2013, plus de 100
toxicomanes suivis par cette association et ayant adhéré à un
programme de soins trouveront un emploi à la Mairie de Paris. Un
résultat qui illustre l'importance d'actions médicalement
cohérentes pour traiter les toxicomanies. C'est pourquoi il faut que
nos responsables politiques sachent, dans l'hypothèse où ils
décideraient hélas d'ouvrir des salles d'injection contrôlée,
qu'ils ne pourront pas se dispenser pour autant d'un soutien aux
associations de bénévoles et des autres nombreuses structures de
soins qui luttent contre les toxicomanies et qui, dans l'intérêt
des toxicomanes, restent en recherche de moyens supplémentaires.
Professeur Pierre Olié, psychiatre à
l'hôpital parisien Sainte-Anne et membre de l'Académie nationale de
médecine.
Edito
Janvier 2013
En
ce début d'année les sujets d'inquiétude ne manquent pas. Nous en
avons dans nos familles. Nous en avons aussi pour notre pays. Est-ce
le rôle d'un gouvernement d'orchestrer les dérapages de nos
sociétés ?
En
juin 98, le rapport Roques demandé par Bernard Kouchner alors
ministre de la santé nous annonçait « le cannabis est moins
grave que le tabac », ce qui est devenu dans la tête de nos
enfants « cannabis pas grave ». C'était un formidable
coup d'envoi à la banalisation du cannabis. Il a fallu attendre 2006
pour que 60 millions de consommateurs dénonce enfin pour le grand
public la dangerosité du cannabis et qu'un tournant soit abordé
dans le mensonge médiatique. L'Etat maintenant annonce
l'expérimentation des salles de shoot auxquelles François Fillon et
Etienne Apaire s'étaient opposés il y a 2 ans. Nous sommes bien
placés pour savoir qu'un toxicomane pour s'en sortir a besoin
d'appuis fermes, affectueux et amicaux et non de complicités qui
atteignent gravement sa santé, voire mettent sa vie en danger.
L'aide véritable implique souvent le courage de la confrontation
dans le respect des personnes bien sûr.
La
mission d'un état n'est-il pas de protéger les plus faibles ? C'est
en tout cas dans ce sens que nous travaillons dans notre association,
en particulier dans le soutien à la parentalité qui est une de nos
principales missions. Les premiers bénéficiaires en sont nos
enfants.
Nous
savons tous qu'un enfant pour se construire a besoin de se situer
dans une filiation et que lorsque le père ou la mère vient à
manquer, c'est une immense souffrance pour lui, souvent enfouie très
profondément. La complémentarité de repères masculin et féminin,
que ce soit pour les imiter ou s'en démarquer, est essentielle au
devenir de l'enfant. Les pédopsychiatres nous confirment ce que le
bon sens populaire sait d'instinct. Plus d'un million de personnes
l'ont manifesté le 13 janvier à Paris par un froid glacial.
Déjà
la SNCF a commencé remplacer les mots père et mère et indique à
la place parent 1 et parent 2.
Nous attendons de
l'Etat qu'il protège le droit de l'enfant
et
dénonce le droit à l'enfant qui
est une personne
et non pas un objet que l'on s'offre.
L'égalité
n'est pas la négation des différences. Elle est d'abord la
reconnaissance de la complémentarité. L'humain n'est véritablement
humain que lorsqu'il se conjugue au masculin et au féminin. Tout
être humain a le droit de puiser son devenir dans l'amour d'un homme
et d'une femme, première condition de son bonheur futur.
Toute
notre vie, nous apprenons à aimer. Cela passe toujours par la
découverte souvent décapante de l'autre. Cet apprentissage se fait
d'abord dans la famille. Alors pourquoi vouloir supprimer ce qui la
fonde ?
Marie-Françoise
Camus
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