A
la Une de 60 MILLIONS
DE CONSOMMATEURS, ce titre : « Cannabis 7 fois plus de
goudrons
et de CO (oxyde de carbonne) que le tabac ».
En
page intérieure,
cette annonce « 3 joints = un paquet de cigarettes
».
Le
magazine qui observe
que si plus personne ne conteste les dangers du tabac, le cannabis
jouit pour sa part d'une image de drogue « douce »
voire
« naturelle », notamment chez les jeunes, rappelle
que la
France est dans le peloton de tête les pays les plus
consommateurs de cannabis en Europe selon les chiffres de
l'enquête
Espad réalisée en milieu scolaire dans une
trentaine de
pays européens. Soulignant que le cannabis est aussi la
drogue
illicite qui donne lieu au trafic le plus important, le journal
précise que la résine de cannabis provient
essentiellement du Maroc qui alimente 90% du marché
européen,
l'herbe saisie provenant pour sa part de Belgique et des Pays Bas, et
l'autoproduction étant le fait d'un quart des consommateurs.
D'après le mensuel, les concentrations en THC (Tétra
Hydro Cannabinol) n'ont
cessé d'augmenter depuis
les années 70 avec une progression des techniques de
sélections, de manipulations
génétiques et de
culture. Suit un développement sur les effets du cannabis
qui
varient d'une personne à l'autre, sachant que «
les
plaisirs recherchés (...) masquent des méfaits
qui
apparaissent même à faible dose ».
Notant qu'en
2001 une étude de l'Inserm a recensé ces
méfaits
avec perturbation de la mémoire immédiate, de la
concentration intellectuelle, de la perception visuelle, de la
vigilance et des réflexes, et à long terme
possibilité
de troubles psychiques, la revue indique que le cannabis peut aussi
engendrer une dépendance psychologique et
révéler
ou aggraver les manifestations de la schizophrénie, et qu'il
a
une responsabilité dans les accidents de la route, les
risques
étant d'autant plus importants qu'il est souvent
associé
à l'alcool. Le mensuel précise par ailleurs que
les
conséquences de cette consommation sur le foetus sont mal
connues mais que des études américaines et
canadiennes
montrent des retards de développement chez celui-ci et des
troubles divers chez le nouveau né. Afin de comparer la
toxicité de la fumée du cannabis à
celle du
tabac, le journal a réalisé une série
de tests à
la machine à fumer, avec l'aide de la MILDT qui «
a
procuré la matière première
». D'après
le magazine, se sont les teneurs en nicotine, goudrons , monoxyde de
carbone, benzène et toluène dans les
fumées
principales de joints de cannabis et de cigarettes Marlboro rouge qui
ont été comparées et le
résultat montre «
qu'avec ou sans tabac, la fumée de cannabis est beaucoup
plus
toxique que celle du tabac » puisque « le joint de
cannabis fait inhaler six à sept fois plus de goudrons et de
monoxyde de carbone que la cigarette » ce qui signifie que
«
fumer trois joints tous les jours fait courir les mêmes
risques
de cancers ou de maladies cardiovasculaires que fumer un paquet de
cigarettes ».
A
noter un tableau sur
les tests de fumage effectués « selon les
paramètres
de la norme internationale ISO 3308 avec un filtre carton »
et
ensuite « selon des paramètres plus proches des
conditions réelles avec un filtre carton ». Le
journal
qui précise que la première méthode
sert à
déterminer les mentions réglementaires en
nicotine,
goudrons et monoxyde de carbone (CO) inscrites sur les paquets de
cigarettes, affirme avoir dressé plusieurs constats :
«
les joints avec tabac ont tous un fort rendement en nicotine
»
et les « rendements sont tous très
supérieurs aux
teneurs maximales autorisées pour les cigarettes
manufacturées
», quant aux teneurs en goudrons et CO, elles sont six
à
sept fois plus élevées que celles de la
cigarette, avec
pour le joint de résine et de tabac une inhalation deux fois
plus forte de benzène et trois fois plus forte de
toluène.
Soulignant que les joints d'herbe pure montrent pour leur part
«
une teneur en nicotine non négligeable », le
magazine
relève que le filtre de carton retient plus les goudrons
mais
n'a pas d'action sur le CO. Evoquant la deuxième
méthode
où la machine a été
réglée «
selon des méthodes qui reproduisent mieux les pratiques
réelles des fumeurs », la revue
révèle que
« les teneurs sont plus élevées que
celles du
fumage selon la norme ISO : deux fois plus environ pour la nicotine
et les goudrons, trois fois plus pour le CO ; ainsi par rapport
à
la cigarette, le joint de résine délivre quatre
fois
plus de goudrons et près de 10 fois plus de CO. (
Selon
cette
dernière méthode,(en mg par cigarette) : nicotine
:
2,95 herbe+tabac(H+T),
3,43 Résine+Tabac (R+T), herbe
pure (HP),
1,86
Marlboro rouge (MR)
- Goudrons : 103 H+T, 108 R+T, 86 HP, 28 MR - CO : 228
H+T, 212 R+T, 176 HP, 21,9 MR)
Dans un encart intitulé
« comment nous avons procédé
» 60 Millions
de consommateur explique que « pour des raisons
évidentes
de déontologie » il n'était pas
question de se
procurer le cannabis auprès de dealers et que le journal a
collaboré avec la MILDT qui lui a procuré la
matière
première et permis d'obtenir « toutes les
autorisations
pour détenir et transporter les substances
nécessaires
» lesquelles ont été fournies par le
laboratoire
de police scientifique de Lyon; un commissaire de police de la MILDT
s'étant chargé du transport jusqu'au laboratoire
d'expérimentation.
En
encadré le Pr
Bertrand Dautzenberg, pneumologue, affirme « les fumeurs de
cannabis déclarent qu'ils aspirent plus
profondément
sur le joint et retiennent leur aspiration ; cela veut dire que dans
les conditions réelles, ils inhalent encore plus de goudrons
et autres substances » et il précise que dans les
consultations « depuis peu on rencontre des adultes qui ne
fument que de l'herbe et qui souffrent de graves maladies
respiratoires (...) ou de cancers du poumon ». Selon lui
«
les fumeurs de trois à quatre joints par jour sont
désormais
plus fréquents ».
« Drogues douce,
le cannabis ?» c'est la question que pose la directrice de la
rédaction en page éditoriale. Assurant qu'il est
«
probablement vain d'imaginer une société sans
drogue »,
Marie-Jeanne Husset estime qu'il « revient toutefois aux
responsables de santé publique de trouver les moyens
efficaces
pour que l'expérimentation ne devienne pas usage
régulier,
abus, dépendance ». Notant que depuis le rapport
Roques
de 1998 on sait combien la distinction drogues licites ou illicites
«
a peu de sens en termes de dangerosité » avec 60
000
morts par an dus au tabagisme et 45 000 à l'alcoolisme,
l'éditorialiste souligne qu'il a fallu des années
pour
que l'image du tabac et celle ( (...) plus timidement) de l'alcool
changent ». Relevant « qu'aujourd'hui
l'interdiction
absolue de fumer dans tous les lieux publics et de travail (...)
soulève peu d'opposition », la directrice de la
rédaction observe que si le tabac est stigmatisé
même
par les jeunes, ceux-ci « ont une image bienveillante du
cannabis, pour eux une drogue douce ». D'après
elle, «
les consommateurs doivent disposer d'une information loyale »
pour évaluer les risques qu'ils prennent et c'est cette
idée
qui a guidé les travaux que le journal a mené sur
le
tabac depuis 1999. Marie Jeanne Husset considère que les
résultats des tests publiés aujourd'hui
«
balaient un argument souvent avancé pour minimiser les
risques
: les adeptes du cannabis ne fument pas autant que ceux du tabac
»
puisque « en terme de pollution et de toxicité
pour la
santé, ils montrent que trois joints équivalent
à
un paquet de cigarettes ».