Le Phare
– Familles face à la
drogue : http://drogues.familles.free.fr courriel : lephare69@gmail.com
Comme
le rappelle la Commission européenne en charge de la prévention de
la toxicomanie, «le phénomène de la drogue constitue l'un des
principaux sujets de préocupation des citoyens européens et
représente une menace sérieuse pour la sécurité et la santé de
la société européenne. La consommation de drogues illicites dans
l'Union Européenne est élevée :
70
millions d'européens consomment du cannabis
12
millions d'Européens consomment de la cocaïne
9,5
millions d'Européens consomment de l'ecstasy
11
millions d'Européens consomment des amphétamines»
Le
tabac arrive en seconde position des drogues licites puisque 30 % des
Européens fument quotidiennement du tabac, soit 120 millions de
fumeurs.L'âge
de la
première cigarette commence à 11 ans et se situe en moyenne vers
13 ans, en Europe comme en France. 50 %
DES ENFANTS QUI
ESSAYENT UNE PREMIERE FOIS CONTINUENT À FUMER. Fait encore plus
inquiétant, le nombre des usagers réguliers et quotidiens chez les
jeunes ne cessent de progresser. Selon le baromètre de la commission
européenne «Survey on tobacco analytical report» de décembre 2008
et publié en 2009, montre que parmi la population des jeunes
européens de 15 ans :
31
% fument, dont :
26
% fument tous les jours
5 % fument régulièrement
23
% se sont arrêtés de fumer
46
% n'ont jamais fumé.
Quant
à l'alcool, il arrive en tête de la consommation par Européen,
puisque la quasi totalité des Européens en consomment «à des
degrés divers». Même si le nombre de litres l'alcool pur par
habitant ne cesse de diminuer depuis 50 ans, les Européens ont
encore beaucoup à faire pour parvenir à une consommation qui ne
mette pas en péril leur santé physique et psychique et ne grève
pas sérieusement leur économie. Aujourd'hui les bénéfices
engendrés par l'alcool ne suffisent plus à compenser les pertes que
nous infligent les conséquences de l'alcoolisme en Europe. Selon
l'OMS, «C'est
sur le continent
européen que la consommation d'alcool est la plus élevée. La
consommation d'alcool fait des ravages considérables et a des effets
négatifs sur les budgets publics notamment en raison des pertes de
productivité dues à la baisse de la production et des maladies
liées à l'alcool. Elle représente également une charge pour les
services de santé et les secteurs de la protection sociale, de la
justice et des transports.Considéré
sous
l'angle des dommages qu'il provoque, l'alcool est maintenant
considéré comme la substance psychotrope la plus dangereuse qui
soit. La dépendance à l'alcool est une des
maladies
mentales les plus répandues dans le monde. LA PROPORTION DES JEUNES
DE 15 ANS CONSOMMANT DE L'ALCOOL AU MOINS UNE FOIS PAR SEMAINE VARIE
ENTRE 10 % ET 57 % SELON LES PAYS. QUANT
À CEUX QUI SE DÉCLARENT ABSTINENTS LEUR PROPORTION EST INFÉRIEURE
À 10 % DANS LES TROIS QUART DES PAYS EUROPÉENS.
En
France, à 15 ans, 31 % des garçons et 15 % des filles consomment de
l'alcool régulièrement».
Au
regard de ces chiffres, ne faut-il pas se demander si effectivementune enfance sans drogue est encore possible -c'est à
dire
voulue-
en Europe ?
Forts
de notre expérience acquise depuis 15 ans, au sein de notre
association, nous constatons dans nos rencontres multiples et auprès
de publics cibles variés, jeunes, parents, éducateurs, professeurs,
etc... que les adultes exigent des jeunes ce qu'ils n'arrivent pas
toujours à réaliser eux-mêmes : une maîtrise de leur consommation
de drogues licites : le tabac, l'alcool et les médicaments
psychotropes. Il faudra donc que les adultes balayent devant leur
porte s'ils veulent être entendus lorsqu'ils énoncent cet interdit
légitime «Tu ne te drogueras pas».
Les
arguments de «BIEN CULTUREL INTANGIBLE» ont érigé en droit le
fait de se saouler et de dépasser la norme admise par notre corps et
notre psyché. La troisième mi-temps, la goutte de champagne sur les
lèvres du nourrisson, l'alcool comme condition d'une fête réussie
sont autant de marquages sociaux, qui nuisent à l'adoption d'un
comportement modéré chez les jeunes et favorisent ces nouveaux
comportements de consommation tels que le Binge Drinking et la
polyconsomation de substances psycho-actives licites et illicites tel
que le trio tabac-cannabis-alcool assumé et revendiqué comme usage
festif par 1 jeune sur 4 en France.
Comme
le rapporte Jean-Paul BRUNEAU directeur de EDVO, «Le Binge Drinking
avec son effet «mode» chez les jeunes des pays européens inquiète
les parents et les personnels judiciaires, médicaux et sociaux. Il
est en progression en Europe et la France est au troisème rang après
l'Angleterre et le Danemark. Cette
consommation rapide et massive d’alcool ponctuelle peut déboucher
sur la dépendance et/ou apporte les conséquences sociales et
physiques que nous ne pouvons pas ignorer : conduite en état
d’ivresse, violences urbaines, rixes, agressions verbales, viols ou
rapports sexuels à risques par négligence de protection, rupture
des tissus de la vessie, intoxication aiguë avec coma éthylique
mortel.».
CE
PANORAMA RÉALISTE ÉTANT POSÉ,
NOUS
AFFIRMONS QUE LA PRÉVENTION PRIMAIRE PRONANT LE NON USAGE DE
SUBSTANCES TOXIQUES POUR LA SANTÉ PHYSIQUE ET PSYCHIQUE DE NOTRE
JEUNESSE N'AURA QUE PEU D'EFFET SI LA POPULATION DES ADULTES NE
S'IMPLIQUE PAS RÉELLEMENT DANS DES CHANGEMENTS DE COMPORTEMENTS
SALUTAIRES AUSSI BIEN POUR ELLE QUE POUR SA DESCENDANCE ET SI ELLE NE
CESSE PAS DE CÉDER AUX REVENDICATIONS FESTIVES DE SA PROGENITURE.
Il
est tout à fait remarquable de constater lors de nos conférences
auprès des parents qu'une partie d'entre eux, soumis aux dictats de
la banalisation de l'usage de drogue et du jeunisme :
N'osent
plus contrôler les faits et gestes de leurs enfants dès l'âge de 13 ans
lorsque ceux-ci se réunissent pour faire la fête chez l'un ou l'autre.
N'osent
pas avertir les parents lorsqu'ils voient un jeune en danger, sous
prétexte que leurs propres enfants le leurs interdisent par peur de
perdre un copain fournisseur de plaisirs toxicomaniaques.
N'osent
pas contester ces cuites initiatiques adolescentes, refusant d'admettre
que leurs enfants ont dépassé des limites qu'eux-mêmes ne pourraient
pas franchir.
N'osent
plus «contrôler» les allers et venues de leurs enfants mineurs ni
exiger les coordonnées téléphoniques, adresses et noms des jeunes chez
lesquels «ils squatent» le temps d'une soirée ou d'un week-end dès
l'entrée au collège.
N'osent
pas vérifier les dires des enfants lorsque ceux-ci leurs mentent sur la
réalité de leur double vie, qu'il s'agisse de leur relation avec le
milieu ou de leur consommation véritable, qu'il s'agisse de drogues
licites ou illicites.
A
ce petit jeu du mensonge toxicomaniaque, les parents restent en moyenne
3 ans dans le déni de consommation de leurs enfants, avant de frapper à
la porte d'une institution ou d'une association pour demander de
l'aide. Dans la majeure partie des cas, ils viennent parce que la
vérité a enfin éclaté au grand jour et que l'enfant ou le jeune ne peut
plus la contester : interpellation, accident, hospitalisation en état
d'ivresse, de coma, de délire ou lors d'une tentative de suicide.
En
tant qu'association familiale, nous espérons beaucoup que ces assises
de la parentalité débouche sur un recadrage des droits et des devoirs
des uns et des autres en vue de relégitimer les parents dans leur rôle
d'éducateur et des moyens qu'ils peuvent mettre en oeuvre pour éduquer
leurs enfants. Dans cette société où le jeunisse devient la norme
bienséante, il est grand temps que chaque camp retrouve ses propres
limites, ses zones d'occupations et les frontières qui évitent une trop
grande promiscuité intergénérationnelle laissant croire aux enfants
qu'en imitant les adultes et leur travers, ils le deviennent.
En
tant qu'association familiale, nous demandons à l'Etat de revenir sur
la proposition suivante «Mettre l'accent sur la prévention des
entrées en consommation des drogues illicites et des abus d'alcool chez
les enfants et les jeunes» :
Parce
qu'elle n'inclue pas la prévention de l'expérimentation de tabac et
d'alcool :
Alors que ces deux drogues
licites sont les premières consommées par les enfants dès l'âge de 11
ans et que l'interdit parental «Tu ne te drogueras pas» doit d'abord
porter sur l'interdiction de ces drogues licites avant de porter sur
les drogues illicites.
Parce
qu'on ne peut pas revenir sur une prise de conscience collective
salutaire, qui a valeur d'acquis culturel, et qui fait que la
population reconnaît aujourd'hui la dangerosité élevée du tabac et de
l'alcool pour sa santé grâce à ces dix dernières années de campagnes
nationales de prévention.
Parce
que nous ne voulons pas remplacer les 2 millions d'adultes
consommateurs de tabac et d'alcool qui décident de s'arrêter chaque
année par 2 millions d'enfants qui commencent chaque année.
Parce
que les études réalisées en Europe montrent que l'expérimentation des
drogues licites prédisposent à l'expérimentation des drogues illicites.
Nous
demandons que les campagnes de prévention primaires futures incluent la
prévention des entrées en consommation de tabac et d'alcool afin que
les messages soient en corrélation avec l'interdit parental lequel
concerne en premier lieu le tabac et l'alcool et en second lieu les
drogues illicites.
En
tant qu'association familiale, constatant des distortions parfois
importantes entre les usages que «supportent» les parents et la
limite zéro que tout établissement scolaire se doit de faire
respecter, nous proposons la création de conventions partenariales
entre les établissements scolaires et les parents d'élèves pour
que les équipes enseignantes, le personnel scolaire et les
associations de parents d'élèves puissent avoir les moyens
efficaces de préserver les établissements scolaires de la drogue
qu'elle soit licite ou illicite. Il s'agit bien sûr de contrats
gagnant-gagnant basés sur la confiance réciproque, permettant de ne
pas perdre de temps quand un professeur constate qu'un élève
manifeste les premiers signes d'un usage de drogue. Une école sans
drogue, exigence normale et souhaitée par les parents, ne peut pas
se faire sans eux. Encore faut-il qu'ils soient convaincus de leur
rôle et de la nécessité d'assister aux conférences organisées
par les établissements scolaires et portant sur la prévention de la
toxicomanie. Actuellement, seuls 10 % des parents participent à ces
conférences.